« On le sait », le vêtement féminin, ça ne va jamais !
Des discriminations sexistes, toujours insupportablement lourdes, parfois justiciables et très graves (par exemple, en cas d'insulte, d'agression physique, de viol), passent par les jugements qu'on porte sur le vêtement et la parure des femmes. Le vêtement féminin est ainsi toujours trop court, trop chatoyant, trop transparent : atours d'une parade amoureuse, la femme n'a qu'à s'en prendre à elle même si cela sollicite la prédation ! Trop noir (punk, gothique, burka), le vêtement est une armure ou même une arme. Neutre, long, discret, on a affaire à une prude, une vieille fille, une femme savante, etc.
Il faut donc porter le regard sur le regard porté sur le vêtement féminin ! Pourquoi, à cet égard, ne pas demander aux sciences du vivant d'éduquer notre regard ?
Le zoologiste allemand Adolf Portman (1897-1982), dans un ouvrage intitulé La Forme animale, se préoccupe de la beauté animale : plumes chatoyantes des perroquets, canards, corneilles ; ocelles de certains félins ; rayures des zèbres ; spirales et couleurs des diverses coquilles. Les biologistes se sont longtemps contentés, dit-il, de demander à quoi servaient ces beautés, d'en avoir une lecture ou bien finaliste et théologique – Dieu aurait créé les beautés naturelles pour se faire reconnaître et aimer – ou bien utilitaire et évolutionniste – ornements et parures serviraient soit à la reproduction sexuelle, soit (chez le caméléon, par exemple) à la défense et à la protection.
Mais Adolf Portman renvoie dos à dos ces théories rivales qui participeraient de la même étroitesse d'esprit : pourquoi ce qui existe devrait-il viser quelque chose, servir à quelque chose ? Il fait donc une hypothèse toute différente : les motifs et les couleurs des pelages, robes ou plumes, seraient une manière pour les animaux d'être au monde, de se présenter. Attirer le regard n'est en effet pas nécessairement se mettre en avant dans un but de séduction ou de conquête ; n'est-ce pas en effet avant tout affirmer son existence et communiquer ? On n'existe pas tout seul, mais avec les autres et dans l'échange et les croisements des regards. Parures et ornements, dès lors, ne signifient rien, ils sont des moyens d'expression.
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